Rafet RUDI: Sous les feux d’un grand festival européen
Bonne présentation de Tedi Papavrami au festival MUSICA de Strasbourg (20 septembre -5 octobre 2002)
Un des évènements les plus importants du monde musical français en ce début d’automne fut le Festival International de la musique contemporaine MUSICA de Strasbourg, qui cette année eut lieu pour la vingtième fois. C’était une édition annuelle que les organisateurs exceptionnellement ingénieux, intelligents et ambitieux avaient pensé élargir sous tous les aspects, soit par une propagation visuelle dont Strasbourg était plein (les affiches du festival prédominaient dans chaque rue), soit par une propagation attractive avec quelques premières importantes , soit aussi par la participation d’orchestres et d’ensembles mondialement célèbres comme l’Orchestre SWR de Baden – Baden et de Fribourg, l’Orchestre de Paris , l’Orchestre philharmonique de Radio France, la Troupe de l’Opéra de Strasbourg, les ensembles de renommée exceptionnelle internationale l’« Ensemble Intercontemporain » de Paris, le Quatuor « Arditti » de Bretagne , l’ »Ensemble Moderne » d ‘Allemagne , « Les percussionnistes de Strasbourg ».
Les concerts avaient lieu dans différents espaces pour concert, et même le plus récent clip -opéra du compositeur minimaliste américain Steve Reich « Three Tales » eut lieu dans la somptueuse salle Festspielhaus de la ville voisine allemande de Baden-Baden.
Au programme du festival étaient comprises toutes les tendances stylistiques qui se remarquent dans la musique contemporaine de nos jours mais aussi du XX siècle en général . On écouta la musique de l’impressionniste russe du début du XX siècle Skërjabin , la musique postweberniste de Boulez et Harvey de la première période, celle de compositeurs comme Eisler, Weill et Wolpe, la musique électronique de Luc Ferrari, la musique des compositeurs minimalistes comme Philip Glass ( l’opéra grandiose « Akhnaten ») Steve Reich, Thierry De May et jusqu’au plus nouvelles tendances des plus jeunes compositeurs parmi lesquels on distingua Bruno Mantovani et Christophe Bertrand . Cette ampleur dans l’élaboration du programme se remarqua aussi par la « tolérance » des genres ( par exemple la dernière nuit fut dédiée à la propre création filmique , « L’âge d’or » du metteur en scène surréaliste Luis Buñuel, incorporant la musique de Martin Matalon et avec l’interprétation des « Percussionnistes de Strasbourg »- film culte interdit durant six décennies de suite ).
Cette année, au programme du festival, avec l’exécution de quelques dizaines de leurs œuvres, les portraits de deux compositeurs célèbres furent marqués, celui de l’anglais Jonathan Harvey et du compositeur français qui ces dernières années vit et travaille aux Etats Unis- Tristan Murail, et qui, petit à petit, avec Pascal Dussapin et quelques autres, apparaît comme une des plus grandes personnalités de la musique contemporaine française. Le festival a marqué aussi le dixième anniversaire de la mort du plus célèbre compositeur français du XX siècle- Olivier Messiaen avec l’exécution de quelques unes de ses plus importantes œuvres, occasion à laquelle on a écouté avec attention et grand intérêt la dernière grande œuvre de ce maître » Eclairs sur l’Au delà ». En général au programme dominaient (cela va de soi) les œuvres des compositeurs et des ensembles francophones.
Dans le cadre des 16 jours où dura le festival et des 35 concerts, bon nombre de solistes se présentèrent tels que la brillante soprano Anu Komsi, les raffinés pianistes Jan Pace et Rolf Hind, la jeune et talentueuse violoniste Geneviève Strosser, le violoncelliste Arne Deforce avec un programme de musique live electronic etc.
Parmi eux, notre violoniste Tedi Papavrami qui vit et travaille depuis longtemps à Paris fit une excellente présentation. Sous la direction de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg et sous la direction du chef d’orchestre Jan Latham-Koenig, il se présenta à la première française de l’œuvre Concert pour violons du jeune compositeur écossais Stuart MacRae. Ce fut une présentation marquante de ce violoniste qui lentement développe une authentique carrière internationale. Il interpréta sérieusement, avec concentration et musicalité cet intéressant concert qui se caractérisait par une élaboration traditionnelle de quatre temps et une atmosphère lyrique, ce dont le public le récompensa par des ovations chaleureuses et soutenues. On peut dire aussi que Tedi était un des favoris du festival.
Finalement il faut ajouter aussi que dans le cadre d’un programme aussi vaste et chargé il n’y eut aucune annulation ou changement important du programme prévu ce qui montre le sérieux des grands préparatifs des organisateurs et une immense réussite de cette ville ambitieuse. Ainsi qu’on nous l’a annoncé, la prochaine édition, celle de l ‘année 2003 est dès à présent constituée.
Rafet RUDI
Octobre 2002